Le 22
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Anthea Lubat


Expositions à la galerie


Micro/Salon
Mano a mano a mano


Texte

Des subtilités observées à travers les paysages qui nous entourent s’ensuit un travail de dessin; de façon intuitive, élémentaire et processuelle, j’utilise différentes techniques, sèches et mouillées, sur un support principalement  papier; des matériaux comme l’acier et le plâtre jouent parfois le rôle de substituts de la feuille blanche. Le support et la surface sont l'esquisse et la finalité en même temps, une certaine « formalisation de l’extase » (Silvia Bächli). L’expérimentation de la matière pour elle-même en m'éloignant de l'image est une manière de désincarner le dessin pour le réinventer ; le faire exister autrement.
Par  l’application minutieuse de traits, de points, d’aplats, un jeu d’assemblage se met en place au sein d'un même format, en même temps que se développe une temporalité suspensive et une certaine aptitude à la lenteur. Je me laisse aller à l’expression libre de lignes, de formes aplanies et de couleurs, comme Paul Klee a pu s’interroger sur les « points, les énergies linéaires, planes et spatiales » dans sa Théorie de l’art moderne. Je m’amuse, le plus souvent par série, à établir un lexique de motifs, un vocabulaire de techniques à caractère exploratoire; dessin après dessin, une série se forme, faisant l'objet d'une même recherche de l'ordre de la prise de note, de la découverte permanente, de l’éveil. Le petit format appelle à une contemplation soutenue, souligne un traitement  minutieux et invite à un rapport de proximité avec chaque dessin. Dans une démarche secrète, discrète, et dans l’esprit d’une écriture automatique, mes dessins reflètent une certaine flânerie poétique, aux formes infinies, où cohabitent les valeurs de gris du crayon et les couleurs du spectre lumineux. De ce laboratoire de techniques qui les compose, mon but est de rendre visible, voire de rendre sensible les champs de forces dégagés par ces points de contacts. Souvent, un même motif se répète d'un format à un autre, une grammaire formelle se construit de manière syntaxique.
« L’œuvre de Cy Twombly – d’autres l’ont justement dit –, c’est de l’écriture; ça a quelque rapport avec la calligraphie. Ce rapport, pourtant, n’est ni d’imitation, ni d’inspiration; une toile de TW, c'est seulement ce que l'on pourrait appeler le champ allusif de l'écriture (allusion, figure de rhétorique, consiste à dire une chose avec l’intention d’en faire entendre une autre). TW fait référence à l’écriture, et puis il s’en va ailleurs. Où? Précisément loin de la calligraphie, c’est-à-dire de l’écriture formée, dessinée, appuyée, moulée, de ce qu’on appelait au XVIIIe siècle la belle main. TW a dit à sa manière que l’essence de l’écriture, ce n’est ni une forme ni un  usage, mais seulement un geste, le geste qui la produit en la laissant traîner: un brouillis, presque une salissure, une négligence. » (Extrait de Cy Twonbly ou Non multa sed multum, Roland Barthes, 1976)
L'intérêt que je porte à utiliser des termes appartenant au champ lexical littéraire pour qualifier mes dessins me pousse à réemprunter un motif pour l'intégrer dans un nouveau contexte dessiné, comme un même mot réutilisé dans une même phrase devient polysémique.
La parfaite oxymore, ou autant de confrontation de matières, d’atmosphères antithétiques se retrouvent dans un seul dessin, et activent des champs de forces. Un dessin est plusieurs dessins assemblés, une juxtaposition d’éléments contrastés et insensés, les prémices d’un langage sans décryptage, une ébauche d’écriture sans lecture.
En écho aux univers de l’ornement ou de la joaillerie, chaque image fait l’objet d’une lisibilité hésitant entre l’aura de la séduction féminine et la légèreté des pensées candides. À l’aspect précieux du dessin, s’ajoute un enthousiasme brut et naïf, par la répétition ténue d’un même geste, automatique, chronophage petits traits sur petits traits, par petits traits.
Mon dessin relève de l’ordre de l’expression, de la sensibilité et de l’unique ; une élégante économie de moyen au service du sublime. Le dessin illustre le juste équilibre entre l’observation d’une réalité, la pensée qui la digère et la retranscription, la réécriture instinctive par un signe. Le dessin est un mot à entrées multiples;  entre  moyen  et  fin,  j'aime  l'imaginer  autonome,  et  fruit  d'une  réflexion  vaporeuse, riche en divagations.
 
Anthea Lubat


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www.anthea-lubat.com
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